Les tailleurs de pierre
Le premier tailleur de pierre Etienne Marti est
mentionné le 5 nivôse de l’an 11 (1802). A partir de cette date débute la
grande histoire du granit et des tailleurs de pierre de Dorres.
De 1870 à 1920, de grands travaux sont
entrepris dans la région. Ils permettront aux maçons de
Dorres de se reconvertir à la taille de la pierre, métier rémunérateur et
socialement reconnu.
Le granit de Dorres sera largement utilisé :
ouvrages d’art du Train Jaune (ponts
Séjourné et
Gisclard), barrage des
Bouillouses,
tunnel ferroviaire du Puymorens, routes,
hôtels,
établissements
climatiques etc…
Les tailleurs de pierre devaient alimenter les chantiers
en blocs de granit. Ces blocs étaient acheminés sur des charrettes tirées par
une paire de bœufs.
En Cerdagne, les villages de Dorres et d’Angoustrine,
riches d’une belle ressource en granit, ont vu prospérer le métier de tailleur
de pierre, paysans ou maçons reconvertis : les « picapedrers ».
A Dorres, un musée leur rend hommage. Les
outils
de taille et d’extraction : pics, massettes, coins, barres à mine,
« têtu » des tailleurs de pierre y sont exposés. Des
photos anciennes, des
objets
agricoles ou de la vie courante sont expliqués dans leur
contexte. (Le billet d’entrée des bains donne également accès
au musée).
Ces picapedrers possédaient une grande connaissance de la
pierre et une fine technique de travail pour venir à bout d’imposantes
masses
de granit qu’il fallait découper en suivant le fil puis façonner
pour satisfaire les commandes.
Pour les chantiers importants, le travail des
« picapedrers » se faisait par équipe composée de travailleurs
libres. Ils étaient rémunérés à la pièce, ou forfaitairement par commande. Un
des leurs assurait la répartition des rémunérations.
Les commandes progressaient à partir de 1900 environ,
jusqu’à la guerre de 14-18 qui causa le premier déclin. Puis l’activité reprit
avec l’aide des grands chantiers : barrages en Ariège, cathédrale de
Lourdes construite avec le granit de Dorres. Les matériaux étaient alors
transportés par le rail.
Liée à ces commandes, l’activité était irrégulière. Les
plus gros chantiers avaient réclamé une main d’œuvre étrangère venue d’Italie
ou d’Espagne.
Puis, à la deuxième moitié du XX
e siècle, le
métier se transforme avec la mécanisation et le déclin est largement amorcé.
Dans le paysage de Cerdagne, lié une l’activité humaine
parfois très ancienne, le granit est omniprésent :
clôture
des champs (portelleres), monuments
et
stèles,
murette de pierres sèches (feixes),
chemins dallés,
ponts
rustiques,
abreuvoirs,
fontaines,
outils agricoles,
dalles funéraires,
fortifications habitations
très anciennes ou plus récentes,
oratoires,
portails sculptés,
cabanes
de berger,
linteaux de fenêtre etc…
En 1902 la Compagnie du Midi décide la construction de la ligne de chemin de fer du futur "
Train jaune".
La traction à vapeur imposait des contraintes techniques coûteuses dans ce paysage montagneux. L'Inspecteur des Ponts et Chaussées Jules Lax proposa la traction électrique et une voie plus étroite pour réduire les coût. L'Etat prend financièrement en charge les installations de production de l'électricité. Le courant continu à 850 V alimentera le train par un 3ème rail parallèle à la voie métrique.
Après 7 ans de travaux, la ligne Villefranche-Mont-Louis est inaugurée le 18 juillet 1910. En 1927, le train rejoignait à Latour de Carol la ligne venant de l'Ariège. Ainsi, se réalisait à nouveau le souhait de Mazarin qui avec le traité des Pyrénées (1659) avait voulu faire communiquer la vallée de l'Ariège avec celles du Capcir et du Conflent.